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. Suis-je un objet? .
. Suis-je un objet? .
Objet: Empr. au lat. scolast. objectum proprement «ce
qui est placé devant» (part. passé subst. neutre de obicere «placer
devant») d'où «ce qui possède une existence en soi, indépendante de la
connaissance ou de l'idée que des êtres pensants en peuvent avoir» (Blaise Lat.
Med. Aev.), s'oppose à sujet* surtout en gram. et en philos.
(<cnrtl)
-« La
prendre… et ainsi, m’oublier en elle, me fondre et disparaître dans les
sensations qu'elle me procure, ne plus faire qu'un avec cette bouchée
au chocolat, avec ce
plaisir merveilleux que je connais déjà si bien, pour l'appeler de tous
mes voeux?
.
Ou,
au lieu de m'oublier dans cette exaspération douce du chocolat qui
menace ma propre cohérence, me savoir, dans le goût merveilleux qui se
développe et s'enveloppe dans ma bouche?
.
Ou encore, résister, ne pas ouvrir ce papier rouge
et or, craquant d’une douce épaisseur qui annonce déjà, la merveilleuse et
chaleureuse saveur de la bouchée chocolatée?
.
Extraordinaire gourmandise qu’il est possible
de manger, en une ou deux fois seulement, avant que le plaisir de la bouchée, malheureusement ne s‘achève laissant la bouche vide d'elle-même,
en “m’achevant”, sans doute, un peu, aussi!
.
La bouchée au
chocolat exerce sur moi, un pouvoir que je lui ai, sans doute, en partie peut-être , conféré, et
chacun donnera nom et forme à sa propre bouchée au chocolat !
- Mais, que
faire? Attendre? Résister? Ne pas prendre?
Oui! Ne pas prendre, ne pas faire,
ce que je désire le plus, là, maintenant, à l'instant?
.
Que l'on me refuse, soit! Mais me refuser à moi-même ce
qui me semble être, même pour une n-ième fois, ce par quoi passe, mon désir, mon plaisir, ma
volonté, mon identité,
- que sais-je? - ma vie même, à l'instant !
N'est-ce pas absurde?
N'est-ce pas folie?
.
Et pourtant, la chanson l'affirme: "Résiste, prouve que tu existes" (Isabelle Gall)
...
En résistant à la bouchée au chocolat, en existerais-je donc plus?
Me prouverais-je que j'existe parce que ma conscience se sera interposée entre moi et la bouchée au chocolat?
Ai-je d'ailleurs besoin de me prouver que j'existe en me résistant?
Manger cette bouchée au chocolat ne me fait-il pas exister aussi?
Pourquoi faudrait-il que je me résiste pour me savoir comme sujet existant sans m’en tenir
seulement à exister?
.
Ainsi, qu’est-ce que je choisis, si je ne choisis pas ma
bouchée au chocolat ou ce qui en tient lieu?
Moi-même!?!...
Mais cela est-il bien certain? »-
.
. Une Toupie ? .
Ubu-Imperator - Max Ernst
Centre Georges Pompidou
.
-« Suis-je une toupie?
Avec la quantité d'air que je brasse par jour, pourquoi pas?
J'ai
l'impression d'avancer mais ne fais-je pas souvent la même chose,
tandis que je m'enferme fréquemment dans le même discours sur moi-même,
sur les autres et le monde, en me donnant toujours plus ou moins, les
mêmes justifications!
.
Ainsi, tandis que je ne me reconnais certes pas comme toupie, c'est-à-dire comme un objet
- car enfin je suis un sujet -
je continue pourtant souvent à dire que:
"je ne peux pas faire autrement" ou que "je n'y peux rien".
.
Je
me place alors dans une situation paradoxale: d'un côté, je continue à
dire que je ne suis certainement pas une toupie et de l'autre, je
continue à toujours aller dans le même sens, ou plutôt à tourner dans le
même sens. Je n'ai ainsi aucune chance de me placer comme sujet
maîtrisant tant soit peu, la toupie que je serais dans les faits.
.
Or,
bien que ne voulant pas me reconnaître comme une toupie, ce qui n'est
pas forcément négatif, je suis quand même obligée d'accepter que j'en
suis en partie une, ne serait-ce que par l'aspect mécanique de mon être
et même de ma vie. En revanche, je peux apprendre, dans une certaine
mesure, à diriger ma toupie en l'empêchant si possible, de s'arrêter de
tourner, puis en réglant ses rythmes et ses mouvements!
.
Certes,
une toupie ne tournant que sur elle-même, aura toujours, à force de
tours, sa pointe qui s'enfonce et il deviendra alors, de plus en plus
difficile de se dégager du point où elle est posée. Mais surtout, le vent de chacune des toupies ne fera-t-il pas tourner l'autre?
.
Les
toupies que nous sommes n'entreraient-elles pas alors en relation les
unes avec les autres par ce vent qu' elles font en tournant?
Et
plus nous brasserions d'air, plus nous aurions alors, a priori de
chances d'entrer en contact avec une autre toupie, mais aussi, plus nous
aurions de chance d'exercer notre pouvoir sur d'autres toupies qui
pourraient alors devenir... des girouettes!
À moins que ce ne soit nous qui devenions des girouettes.»-
.
Ou, au lieu de m'oublier dans cette exaspération douce du chocolat qui menace ma propre cohérence, me savoir, dans le goût merveilleux qui se développe et s'enveloppe dans ma bouche?
.
Ou encore, résister, ne pas ouvrir ce papier rouge et or, craquant d’une douce épaisseur qui annonce déjà, la merveilleuse et chaleureuse saveur de la bouchée chocolatée?
.
Extraordinaire gourmandise qu’il est possible de manger, en une ou deux fois seulement, avant que le plaisir de la bouchée, malheureusement ne s‘achève laissant la bouche vide d'elle-même,
en “m’achevant”, sans doute, un peu, aussi!
.
La bouchée au chocolat exerce sur moi, un pouvoir que je lui ai, sans doute, en partie peut-être , conféré, et chacun donnera nom et forme à sa propre bouchée au chocolat !
- Mais, que faire? Attendre? Résister? Ne pas prendre?
Oui! Ne pas prendre, ne pas faire, ce que je désire le plus, là, maintenant, à l'instant?
.
Que l'on me refuse, soit! Mais me refuser à moi-même ce qui me semble être, même pour une n-ième fois, ce par quoi passe, mon désir, mon plaisir, ma volonté, mon identité,
- que sais-je? - ma vie même, à l'instant !
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Et pourtant, la chanson l'affirme: "Résiste, prouve que tu existes" (Isabelle Gall)
...
En résistant à la bouchée au chocolat, en existerais-je donc plus?
Ai-je d'ailleurs besoin de me prouver que j'existe en me résistant?
Manger cette bouchée au chocolat ne me fait-il pas exister aussi?
Pourquoi faudrait-il que je me résiste pour me savoir comme sujet existant sans m’en tenir seulement à exister?
.
Ainsi, qu’est-ce que je choisis, si je ne choisis pas ma bouchée au chocolat ou ce qui en tient lieu?
Moi-même!?!...
Mais cela est-il bien certain? »-
.
. Une Toupie ? .
Ubu-Imperator - Max Ernst
Centre Georges Pompidou
Ubu-Imperator - Max Ernst Centre Georges Pompidou |
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Avec la quantité d'air que je brasse par jour, pourquoi pas?
J'ai l'impression d'avancer mais ne fais-je pas souvent la même chose, tandis que je m'enferme fréquemment dans le même discours sur moi-même, sur les autres et le monde, en me donnant toujours plus ou moins, les mêmes justifications!
.
Ainsi, tandis que je ne me reconnais certes pas comme toupie, c'est-à-dire comme un objet
- car enfin je suis un sujet -
je continue pourtant souvent à dire que:
"je ne peux pas faire autrement" ou que "je n'y peux rien".
.
Je me place alors dans une situation paradoxale: d'un côté, je continue à dire que je ne suis certainement pas une toupie et de l'autre, je continue à toujours aller dans le même sens, ou plutôt à tourner dans le même sens. Je n'ai ainsi aucune chance de me placer comme sujet maîtrisant tant soit peu, la toupie que je serais dans les faits.
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Or, bien que ne voulant pas me reconnaître comme une toupie, ce qui n'est pas forcément négatif, je suis quand même obligée d'accepter que j'en suis en partie une, ne serait-ce que par l'aspect mécanique de mon être et même de ma vie. En revanche, je peux apprendre, dans une certaine mesure, à diriger ma toupie en l'empêchant si possible, de s'arrêter de tourner, puis en réglant ses rythmes et ses mouvements!
.
Certes, une toupie ne tournant que sur elle-même, aura toujours, à force de tours, sa pointe qui s'enfonce et il deviendra alors, de plus en plus difficile de se dégager du point où elle est posée. Mais surtout, le vent de chacune des toupies ne fera-t-il pas tourner l'autre?
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Les toupies que nous sommes n'entreraient-elles pas alors en relation les unes avec les autres par ce vent qu' elles font en tournant?
Et plus nous brasserions d'air, plus nous aurions alors, a priori de chances d'entrer en contact avec une autre toupie, mais aussi, plus nous aurions de chance d'exercer notre pouvoir sur d'autres toupies qui pourraient alors devenir... des girouettes!
À moins que ce ne soit nous qui devenions des girouettes.»-
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